mercredi 25 juillet 2012


Un Président provisoire d’une République bananière !

L’expression fut prononcée, sans détour, sous la coupole de l’Assemblée nationale constituante (Anc) par un élu du peuple, Mahmoud Baroudi, du Parti Républicain! La boutade a fait mouche!


Et, l’ampleur du tollé fut telle que la séance plénière a été suspendue sous le brouhaha des députés de tous bords. Une image, hélas, de déjà vu !
Mais faut-il, par ailleurs, rappeler cette atmosphère nauséabonde qui règne au sein de notre assemblée nationale ? Faut-il, encore, évoquer les sinistres autres épisodes, avilissants, qu’a vécus notre parlement mandaté, pourtant, pour rédiger la constitution de la deuxième République ?!
La « malheureuse » expression « République bananière », objet de toute cette controverse et qui a subi, au fil des époques, un glissement sémantique revêt, désormais, ce sens polémiquant tant redouté et traîne au-delà de la sphère géopolitique dont elle est issue.      

Un point d’histoire
Aussi, doit-on sa genèse à la plume de l'écrivain américain William Sydney Porter qui, dans son livre  Cabbages and Kings (Choux et Rois) paru en 1904, évoque pour la première fois "a small, maritime banana republic".
L'expression est, dès lors, baptisée pour la postérité et figurera, à tout jamais, dans le registre satirique de la langue politicienne.
Si, au départ, cette association république bananière se réfère à ces Etats d’Amérique centrale corrompus et sous la houlette, des décennies durant, d’une firme multinationale, sans foi ni loi, monopolisant l'acheminement et la production des fruits exotiques et usant de son influence pour faire et défaire les dictateurs au gré de ses intérêts…, elle s’est vite imposée pour désigner tout régime privilégiant le népotisme au détriment de l'intérêt général, les faveurs au détriment des droits …

La Tunisie république bananière ?
L’incident de l’hémicycle n’est que la manifestation réelle de ce ras le bol qui se généralise et qui monte face au règne de la médiocrité, de l’incompétence et de l’amateurisme.
Les cent perles dénichées par Mr Moez Ben Salem dans son article paru sur le journal en ligne kapitalis : « Le bilan « remarquable » d’Ennahdha en 100 points » http://www.kapitalis.com/afkar/68-tribune/10885-tunisie-le-bilan-lremarquabler-dennahdha-en-100-points.html en sont la parfaite illustration.  
  
A cette hasardeuse gouvernance de l’Etat, au poujadisme manifeste, au flou politique s’ajoutent les nombreux scandales dignes d’une république de copains et de coquins…
L’extradition de Mr El-Baghdadi El-Mahmoudi en catimini et la nomination antidatée du nouveau Gouverneur de la Banque Centrale (BCT) sans l’aval de l’assemblée Nationale Constituante ne constituent-elles pas les ingrédients d’une république bananière ?
L’intervention du député de l’opposition Mr Mahmoud Baroudi sonne comme un ultime appel de détresse avant que ce mal diagnostiqué et non traité ne gagne les organes vitaux de la République.
Les nombreuses réactions partisanes ou non, les prises de position, aussi nuancées qu’opposées, de la classe politique et des inconnus sonnent comme un ultime appel à l’ordre pour préserver les fondements de la République…

Mais, au-delà de la terminologie employée, aux adjectifs utilisés : république bananière, république de pois-chiche ou de cacahuètes, et dans l’attente de cet ultime sursaut citoyen manifestant à bras le corps son attachement à une république civile et éclairée, l’image de la Tunisie se ternit inéluctablement ... 

samedi 7 juillet 2012


« Ma vérité »: la petite histoire racontée par Leïla Ben Ali

Loin de créer ce buzz tant attendu et tellement convoité ou de provoquer une opération de com’ qui la remettra, elle, l’ex régente de Carthage, au-devant de la scène médiatique, son livre « Ma vérité » n'a suscité ni intérêt ni curiosité outre mesure ... Peine vaine !

Tellement creux, ce livre-entretien n'est qu'un tissu de contre-vérités délibérées, de mensonges prémédités et de  « papotages et ragots de bonnes femmes » …
La "vérité" de Mme Leïla Trabelsi n’apporte aucun élément digne de foi et aucun fait nouveau susceptibles de mieux comprendre l’histoire qu’a connue la Tunisie durant près d'un quart de siècle ….

Et, contrairement à ces allégations de son avant-propos, Mme Ben Ali ne livre pas un témoignage pour l’Histoire, encore moins des aveux complets quant aux nombreux torts, méfaits et crimes commis par les clans Ben Ali, Trabelsi et leurs acolytes, mais elle cherche, vainement, une tribune pour redorer son blason, montrer, en un tour de passe-passe, cette fausse image d'elle : une femme pieuse, généreuse et ... soumise. Mais, ce livre, est aussi l'occasion pour elle de régler ses comptes avec ses anciens amis, ses nouveaux ennemis et ses ennemis de toujours ...

Au menu de ce livre, les intrigues au palais de Carthage, les rivalités, la luxure, les soirées mondaines, les jeux d'alliances matrimoniales, les filatures, une tentative d'assassinat mais aussi la magie et autres amulettes... Bref, des événements et actes dignes d'un roman noir !!!

Néanmoins, ce livre a le mérite de laisser entrevoir le mode de fonctionnement de la République-Monarchie et quelques aspects de sa triste gouvernance par des clans avides d'argent et assoiffés de pouvoir.

Ce mélodrame raconté par l'ancienne first lady révèle, malgré tout, quelques anecdotes non anodines et des réponses furtives aux nombreuses interrogations et certitudes ayant accompagnées le règne sans partage de son cher époux.

J'en ai recueilli quelques "perles " qui dénotent, à la fois, d'une mesquinerie sans limite et d'une haine viscérale envers ses détracteurs ...
A vous de juger !!!

Ses rêves prémonitoires
La femme du Président déchu nous fait part de deux de ses rêves les plus révélateurs car annonciateurs d’événements qui se reproduiront, à la lettre, et comme par miracle, ultérieurement !

Le premier fait allusion à la trahison de Mr Ali Seriati, le Chef de la sécurité présidentielle, dont voici les détails de ce songe : " Un soir, j'ai rêvé d'Ali Seriati. Nous étions dans une voiture, lui assis devant avec Ben Ali et moi à l'arrière. Nous logions l'amphithéâtre de Carthage lorsque, soudain, Seriati a sorti un revolver qu'il a planqué sur la tempe de mon mari. Je me suis mise à hurler :" Mais pourquoi faites-vous ça ? Ne le tuez pas, je vous en prie, ne le tuez pas !".
 Quelle limpidité !? Ça coule de source ! La clarté de cette vision laisse plus d'un perplexe quant à sa ...véracité.

Mais, le recours au rêve pour expliquer un événement de telle ampleur, n’est-il pas la preuve cinglante de la légèreté de son analyse quant au rôle joué par l’ex-Chef de la sécurité présidentielle ce 14 Janvier 2011 ? N’est-il pas, aussi, un aveu cuisant qu’elle et sa suite n’étaient plus maîtres de leur destin ce jour-là ?

Plus étrange et encore plus hallucinant ce deuxième songe de Mme Trabelsi qui nous révèle ceci : « Je me trouvais au bord d’une piscine, en compagnie de toute ma famille et de nombreuses personnes que je ne connaissais pas, quand, soudain, tout est devenu sombre, y compris l’eau du bassin, et nous avons tous hurlé, comme si c’était le jour du Jugement dernier. J’ai regardé au loin et j’ai vu un arbre auréolé de lumière rose. J’ai pris la main de ma sœur Nafissa et nous avons marché toutes les deux sur l’eau noire de la piscine jusqu’à atteindre l’arbre.».

Encore une fois, Mme Leïla joue les pieuses résignées. C’est écrit l’exil, c’est son destin et le cœur du vrai croyant ne se trompe jamais !

Ses ennemis jurés
S’il n’y en a qu’un, se serait Kamel Ltaeif !! S’il n’y en a qu’un qui incarne le mal le plus absolu, se serait lui, Kamel Ltaeif !! L’ex-régente de Carthage ne l’a pas ménagé tout au long du livre. Elle lui a dressé un portrait au vitriol en le traitant d’homme de main de Ben Ali, de tireur de ficelle préposé à nouer et dénouer les intrigues du sérail, de manipulateur …

Et ses piques n’en finissent pas ; elle évoque l’origine de son surnom : « Kamel ii » car un jour, au lieu de lire le nom de feu le roi du Maroc, Hassen II, en chiffres romains, il avait lu par ignorance « Hassen ii ».

Sur un autre angle, méchamment choisi, elle attaque l’énigmatique Kamel Ltaeif sur sa relation avec son propre père. Elle affirme que son père est mort sans lui accorder son pardon. Et que ce dernier a, même, prévenu : « Un jour, ce garçon provoquera un grand malheur ! ».

Elle l’accuse de tous les maux : complots, filatures et chantages. Pis encore, elle évoque une tentative d’assassinat mais sans désigner les commanditaires ni de donner des preuves tangibles.

La haine est certainement réciproque et les mobiles sont les mêmes : le pouvoir politico-financier.

D’autres encore n’ont pas échappé aux attaques savamment orchestrées par Mme Ben Ali. Journalistes, militants des droits de l’Homme, avocats, hommes d’affaires sont sur la sellette.

Le plus visé d’entre eux est incontestablement le journaliste Slim Bagga, rédacteur du journal : « L’Audace ». Elle l’accuse des pires des crimes : le racket. Elle avance, que ce journaliste, tout en veillant à traduire son nom de famille en français : « punaise », faisait chanter des femmes (anciennes membres d’un Club tenu par sa sœur). Ils les menaçaient de publier leurs noms dans les journaux si elles ne lui versaient pas une certaine somme. !!!

Mme Ben Ali n’a pas, certainement, vidé tout son sac non pas par pudeur mais, inéluctablement, par calcul politique.


D’autres épisodes aussi bas, sans gloires, sont mentionnés dans ce livre telles la crise hystérique du Président de la République de l’époque victime d’un sortilège jeté sur lui ou la scène où de hauts responsables de l’Etat jouaient les marieuses montrant à Ben Ali des cassettes où se dandinaient de jolies filles lors de fêtes privées !!!
Ce livre est à l’image de Leïla Ben Ali : superficiel et sans intérêt.