jeudi 21 avril 2011

L'action syndicale chez les forces de l'ordre intérieures: ébauche d'une police républicaine ou d'un corporatisme aigu ?

La naissance, dans des circonstances exceptionnelles, d'un syndicat des forces de l'ordre intérieures n'est ni un fait anodin ni fortuit. Une naissance conçue, certes, dans la "douleur" et dans un climat des plus tendus mais délibérément consciente car bâtie en guise de réponse résolue à cette relation, si conflictuelle et si suspicieuse depuis toujours, qu'entretenaient les services de sécurité avec les citoyens.

Par cet acte, le corps de la police a joué la carte de l'apaisement, de la réconciliation voire de la fraternisation avec le peuple dont il, ne le rappelle-t-il pas souvent, est issu ... Rappelez-vous ces scènes "émouvantes", ces bains de foule et ces pleurs mêlés de cris désespérés scandés par les agents de l'ordre indignés :"Innocents !! Innocents du sang des martyrs!!"... L'effet de ce contact humain inédit avec la population est immédiat. Il est à la fois touchant et troublant. Mais, quant à sa pérennité, le doute se manifeste inéluctablement. La brèche est-elle colmatée? Le pacte de confiance peut-il être honoré ? La page est-elle tournée? Pas aussi simple et surtout pas aussi sûr ... au vu des faits avérés qui se sont succédés au fil des jours.

Nul ne peut contester que le dossier de l'appareil policier tunisien est compliqué et tentaculaire. L'omerta, cette loi de silence, est de vigueur dans cet Etat dans l'Etat... L'assainissement de ce milieu n'est pas une partie de plaisir. Le sort réservé à Mr Farhat Rajhi, l'ex ministre de l'intérieur, en est la parfaite illustration !!! Aussi exigeante soit-elle, cette mission de longue haleine est indispensable car c'est la condition sine qua non de la réussite de la révolution.

Venons-en aux faits et attardons-nous sur les prises de position du nouveau syndicat indépendant des forces de l'ordre intérieures.

Outre le fait du caractère revendicatif d'un tel organisme, le syndicat de la police, en phase de gestation, a outrepassé ce mandat et a fixé comme objectifs, à en croire les propos de ces porte-parole MM. Imed Besrour et Khaled Berrahal, la participation à la naissance du policier républicain qui ne défend pas ses intérêts personnels, mais l’intérêt des citoyens.

Cette position, Ô combien louable, se veut inaugurer une ère nouvelle synonyme du respect du citoyen et de la primauté de la loi. Mais serait-elle concrétisée?? A vous de juger.

Acte 1: Assaut ou rumeur ?

Immense, fut notre indignation en apprenant par le biais des médias cette information d'un autre âge et digne des grandes fictions hollywoodiennes. Il s'agit de l'irruption de cinquante agents de sécurité dans le tribunal de première instance de Sousse et la libération de leur collègue de la salle de détention !!!

Aussitôt, le Ministère de l'intérieur émet, dans un communiqué daté du 16 avril 2011, un démenti catégorique et qualifie cette information de rumeur infondée. Mais, voilà que le lendemain, l'Association des magistrats tunisiens (AMT) appelle " à l'ouverture d'une enquête administrative et judiciaire sur les circonstances "des incidents graves" qui ont eu lieu fin mars au tribunal de première instance de Sousse.". Ces faits, ajoute le communiqué de l'AMT ont "réellement eu lieu contrairement aux affirmations contenues dans le communiqué du ministère de l'Intérieur en date du 15 avril 2011".

Devant cette polémique, le syndicat des forces de l'ordre intérieures s'est figé dans le silence. Aucun commentaire de sa part et pourtant ce qui s'est passé est en contradiction flagrante avec l'ébauche d'une police républicaine qu'il revendique "corps et âme"!!

Acte 2: Un Etat dans l'Etat

Hautement inquiétants, les propos tenus par Mr Farhat Rajhi dans son interview avec le quotidien Essabah parue en date du 16/04/2011. Il confirme que les actes de violence, de torture et d’arrestations illégales, commis par les forces de l'ordre, n'ont pas cessé. Pis encore, il avoue, impuissant, que "L’appareil policier échappe à la volonté de l’État... comme si ce corps d’État bénéficiait d’une immunité dont on ignore ses origines." !!

Ce même constat, horrifiant, est partagé par Me Radhia Nasraoui , présidente de l'Organisation contre la torture en Tunisie (OCTT), qui confirme dans une interview donnée au journal "La Croix" que « Les tortures continuent dans les postes de police et dans les prisons tunisiennes.". Et, elle ajoute que son organisation:" reçoit toujours les plaintes de nombreuses victimes. Ce sont surtout les jeunes qui sont ciblés. Par exemple, mercredi 13 avril, nous avons plaidé la cause de plusieurs jeunes arrêtés lors d'un sit-in. Ils assuraient avoir été torturés et l'ont prouvé en montrant au juge leurs blessures au crâne et aux jambes.".

Là aussi, silence radio du côté de l'organe syndical des forces de l'ordre intérieures devant ces exactions flagrantes. Se sent-il non concerné par ce type de comportements indéfendables et condamnables ??

Acte 3: Ne touche pas à mon collègue !!

Suite à la conférence de presse tenue par M. Taoufik Bouderbala, président de la Commission nationale d'investigation sur les violations et les abus, le syndicat des forces de l'ordre intérieures est passé, tambour battant, à l'attaque. Il dénonce la campagne diffamatoire contre les services de sécurité et rejette de voir certaines parties prendre les forces de la sécurité intérieure comme "un bouc émissaire" pour atteindre des objectifs politiques étroits, qui n'ont aucun rapport avec l'intérêt général du peuple tunisien.

Dans un communiqué daté du 13 avril 2011, on peut lire notamment que l'assemblée constitutive provisoire du syndicat des forces de l'ordre intérieures:" commence à déceler les prémices d'une campagne ciblant les services de sécurité à travers la propagation d'informations dépourvues de toute crédibilité, avec des allusions accusatoires imputant les actes de violence, de meurtre, de terrorisation, de vol et de pillage aux forces de l'ordre".

Et on ne se contente pas de dénoncer, le syndicat entend "engager un mouvement de protestation, en incitant tous les agents de sécurité intérieure à porter un brassard rouge, à partir du mardi 19 avril 2011, avec possibilité d'une escalade de la protestation, à travers d'autres formes, qui seront déterminées ultérieurement, en cas de poursuite de la campagne diffamatoire et si le ministère de l'Intérieur ne prend pas les mesures qui s'imposent ". Un préavis de grève déguisé ou un chantage lourd de conséquences!!??

Et depuis, le ton monte crescendo et la protestation prend des formes variées allant du port du brassard rouge à la manifestation pacifique ou houleuse telle signalée à Sidi Bouzid le 20 avril. Quant aux revendications, elles tournent autour de " l'amélioration des conditions sociales et professionnelles et la révision des promotions, en plus de la libération des collègues emprisonnés".

On est loin, très loin des belles promesses. Le rôle de ce syndicat en tant que porte-étendard d'une police républicaine est fortement hypothéqué. La peur du retour des vieux réflexes sécuritaires hante nos concitoyens. L'éclatement de la vérité, seule, pourrait contribuer à franchir cette étape transitoire, à rendre une justice, ni expéditive, ni laxiste mais une justice tout court ...

mercredi 6 avril 2011

La renaissance du Bourguibisme: entre nostalgie et rachat politique

On se bouscule, désormais, au portillon du Bourguibisme. Les voix revendiquant l'héritage politique de Habib Bourguiba se font de plus en plus entendre. On ne s'empêche plus à se référer à ses idées pour alimenter des discussions et rehausser le niveau des débats ou, même, pour argumenter certaines prises de position. Le legs du "Combattant suprême" est, comme par "révolution", hautement sollicité ... hautement convoité ...

La ruée vers le Bourguibisme, onze ans après le décès de son "théoricien" et instigateur, est une réalité bouleversante. Ses motivations sont plurielles et sujettes à controverses. Nous ne prétendons, dans ce qui suivra, détenir les raisons de cet engouement, mais contentons-nous d'en relater quelques unes fortement significatives.

Le besoin d'une réhabilitation posthume de Bourguiba...

Aussi étrange, que cela puisse paraître, la doléance de réhabiliter le président Bourguiba de son vivant n'a pas été émise par ses partisans mais par un opposant et grand patriote tunisien : Georges Adda!!! Dans une lettre ouverte datée du 4 Novembre 1997 à l'attention de Ben Ali (7/11/1987- 14/01/2011), Mr Adda a sollicité la libération de Bourguiba en ces termes :

" je vous prie, Monsieur le Président, de rendre la pleine et entière liberté de se déplacer et de recevoir à celui qui a conduit notre peuple à l’indépendance nationale, à celui qui fut, durant trente ans, le premier président de notre République, à celui qui , entre 1934 et 1955, a passé dix ans de sa vie en prison, en camp de concentration ou en déportation, et qui, ces dernières années, vit actuellement presque centenaire, interdit de liberté dans notre Tunisie indépendante, suite à des vicissitudes politiques dont certes il porte une grande responsabilité."

La motivation de celui qui a partagé la gamelle des prisonniers de l’occupant étranger avec Bourguiba est, certes, humaine mais elle est mitigée entre, d'une part, le respect voire la reconnaissance de l'œuvre du premier Président de la Tunisie, du moins dans la période du colonialisme, et de la compassion, d'autre part, pour son sort après sa destitution. Mr Adda dénonçait cette situation ,dans cette même lettre, comme suit :

" Aujourd’hui, je suis affligé, lorsque je vois dans mon pays un de mes vieux compagnons de camp de concentration être le plus vieux interdit de liberté du monde. Je suis attristé de voir que le grand dirigeant qu’il fut ne vive pas libre à Tunis ou dans sa banlieue, près de sa famille et au milieu de ses petits-enfants et arrières petits-enfants."

La lettre, sincère soit-elle , restera sans suite. Pis encore, les obsèques du Président Bourguiba ont indigné plus d'une personne. Elles furent une pure mascarade, honteuse et pleine d'hypocrisie.

Le Dr Saida Douki qui a accompagné Bourguiba jusqu’à son dernier soupir a délivré ce témoignage émouvant :

"Quelle ne fut pas ma consternation d’attendre en vain, devant des documentaires animaliers tournant en boucle, la retransmission télévisée de l’enterrement ! Et quelle ne fut pas ma stupéfaction horrifiée d’apprendre par la suite le traitement qui avait été réservé au Zaïm dont le catafalque avait été transporté dans la soute d’un avion ! Je ne pardonnerai jamais à ceux qui ont commis ce suprême outrage."

C'est dans ce désir, voire cette nécessité, éprouvée par une partie de la population, d'une réhabilitation, même posthume, de Bourguiba en tant que victime de Ben Ali que se situe les premiers éléments de réponse de ce retour du Bourguibisme.

Le besoin de se faire pardonner...

Autre levier, à mon sens, de la montée du Bourguibisme est cette charge affective envers l'œuvre et la personne de Bourguiba. Une nostalgie et un sentiment de culpabilité trahissent ces "pèlerins" de son mausolée érigé à Monastir, sa ville natale. Ils comptent par milliers ce 6 Avril 2011.

Ces nostalgiques sont surtout ceux qui ont côtoyé le Président Bourguiba et l'ont accompagné dans l'édification du nouvel Etat tunisien. Ce sont, les mêmes, qui ont animé et contribué à cette effervescence d'idées, de tous bords, qui a secoué et la société et la génération de l'indépendance. Mais, ils sont, aussi, ceux qui ont vécu toutes les dérives et le déclin de Bourguiba. Et cette fin les hante car, impuissants ou lâches, ils l'ont laissé tomber.

Quant aux inconnus, nombreux, ils plongent dans l'ère bourguibienne comme pour comprendre comment la Tunisie a basculé dans le règne de la médiocrité 23 ans durant.

Le besoin de nier le Benalisme...

Autre raison possible est que Bourguiba est présenté, le plus souvent, comme étant le contre exemple de Ben Ali. Car tout, ou presque, les oppose. D'une part, un bâtisseur, cultivé, intègre et ayant le sens de l'Etat. De l'autre, un pilleur, chef de réseaux occultes sans scrupules, ignorant et transgressant toutes les lois de la République.

Une frange de tunisiens s'identifie dans le "Zaïm" Bourguiba, partageant ses valeurs et défendant son œuvre. Niant, ainsi, toute une phase de leur histoire celle de Ben Ali qui est, désormais, l'incarnation du mal, infréquentable et impardonnable.

Quant à Bourguiba, et même pour ses abus et son pouvoir absolu, on lui trouvera des circonstances atténuantes. Son actif plaide en sa faveur. La modernité, les droits de la femme, l'éducation ... ne lui sont-ils pas attribués ?

L'opportunisme politique...

La raison la plus sordide est, peut être, celle-ci. Rallier le Bourguibisme et s'approprier son héritage politique pourraient "sauver la face" tel est le mot d'ordre de certains opportunistes. Leur motivation n'est que politicienne. En se démarquant de l'ère Ben Ali, ils étaient pourtant complices, ils essaient de retrouver une virginité, une position dans le nouveau paysage politique qui leur garantira, qui sais-je, une impunité tant recherchée...

Leur opportunisme sera, très vite, mis à nu et leurs basses manœuvres seront vaines.

Aussi, attribuons-nous, cette recrudescence des appels en faveur du Bourguibisme à la désertification de la scène politique, actuelle, œuvre préméditée de l'ancien dictateur.

samedi 2 avril 2011

Le sondage d'opinion GMS : Quels enseignements?



Le sondage d'opinion "Les tunisiens et la politique après le 14 janvier" fut réalisé du 1er au 22 Mars 2011 par le bureau d'études tunisien General Management Services (GMS).

Il a été mené " d’une manière indépendante, et exclusivement financé sur fonds propres" précise GMS qui souhaite " apporter sa contribution à la construction de la nouvelle Tunisie".

Deux points de détails doivent être, illico, précisés pour mettre ce sondage en situation:

  • Il a touché un échantillon de 1060 personnes , représentatif de la population Tunisienne, réparti selon les critères de l'âge, de la région et de la condition socio-professionnelle;
  • huit objectifs lui ont été spécifiés :

  1. Mesurer le degré d’intéressement des tunisiens à la politique après le 14 janvier;
  2. Cerner les principales préoccupations des tunisiens;
  3. Mesurer la notoriété spontanée des partis et identifier les principales sources d’informations;
  4. Mesurer la notoriété spontanée des personnalités politiques et identifier celles qui inspirent confiance aux interrogés;
  5. Mesurer l’adhésion des tunisiens à des partis politiques;
  6. Identifier le mode de gouvernance privilégié par les tunisiens;
  7. Identifier les formes et les voies qui pourraient apporter des changements positifs;
  8. Cerner les motivations et les freins à l’adhésion à un parti politique.

Le sujet choisi et les objectifs ciblés, entendons-nous, sont d'actualité, pertinents et passionnants et même si ce sondage n'est, en réalité, qu'une photographie à un instant T, les résultats qui en ont découlé ont le mérite d’identifier les tendances émergentes et d'anticiper les changements politiques que vivra, inéluctablement, notre société.

Aussi, focalisons-nous sur les principaux enseignements de cette enquête d'opinions et ses singularités tout en admettant, sans polémiquer, qu'à tout niveau de réalisation du sondage, l'objectivité et la valeur des résultats peuvent être mises en cause.

I. Enseignement 1: Le tunisien renoue avec la politique

Le sondage a dévoilé un regain d'intérêt des tunisiens pour la politique après le 14 Janvier. La réconciliation est semble acquise. En effet, 88% des sondés disent être intéressés par la politique mais à des degrés différents. Car, 48% ne voient leur intérêt porter sur la politique qu'à l'occasion des grands rendez-vous électoraux. Leurs profils varient selon le critère utilisé. Ce sont les jeunes âgés de 18 à 25 ans qui sont en tête du peloton des autres tranches d'âge recueillant plus de 53% des opinions exprimées. Leur enthousiasme et leur capacité à se mobiliser pour de tels événements circonscrits dans le temps peuvent expliquer cet intérêt. Aussi, remarquons-nous que ce sont les sondés issus de la région du Nord Ouest avec près de 54% et ceux appartenant à la catégorie socio-professionnelle des ouvriers et des employés avec plus de 55% qui se rangent dans cette tranche du sondage.

40%, par contre, s'intéressent pleinement à la politique. Ce sont les 44-55 ans avec 50% des voix émises mais encore, ceux issus du Grand Tunis avec près de 41% et les cadres supérieurs avec près de 53%.

L'explication probable voire "plausible" du profil dégagé de ce qui à précédé nous renvoie à cette effervescence politique, mais pas seulement, que vit la capitale et ses environs, à la condition socio-professionnelle plus stable de ceux qui ont opté pour ce choix et à l'âge qu'on peut qualifier de "mûr"...

Signalons, enfin, que 12% des personnes interrogées, et ce n'est pas négligeable, ne sont pas inspirés par la politique. Ils sont ceux âgés de plus de 56 ans, ou ceux issus du Centre Ouest et ceux qui sont à la retraite.

II. Enseignement 2: La sécurité d'abord !!

Garantir la sécurité des Hommes et des biens est la préoccupation principale des tunisiens. C'est ce qui découle de ce sondage. Une large frange de la population sondée estimée à plus de 70% !!! met la sécurité en tête de ses préoccupations. Et le fait saillant est ce consensus quasi unanime, et indépendamment du critère appliqué, autour de la question. En effet, les personnes interrogées de toutes les tranches d'âge , avec un pic concernant les plus de 56 ans avec près de 83%, de toutes les régions, sauf pour le Centre Ouest, et de toutes les catégories socio-professionnelles, à l'exception des chômeurs et des inactifs, partagent ce constat.

Ceci n'est guère surprenant au vue de l'échec de la politique en matière de la sécurité menée par tous les gouvernements provisoires. Cet échec est aussi bien dans les méthodes préconisées que dans les défis relevés. Comme si le fait de redéployer la police dans tous les carrefours permettra de reconquérir la confiance des citoyens??!! N'était-il pas opportun de traquer et d'engager des poursuites, tout en respectant la présomption d'innocence, à l'encontre des commanditaires et des exécutants des martyrs? Les habitants de la ville de THALA n'ont-ils par eux-mêmes identifié les assassins de leurs enfants?!! N'était-il pas judicieux de mettre en lumière, sérieusement, tous les dossiers de détournement de fonds, d'enrichissement illicite et de corruption?

La sécurité, la vraie, est une justice rendue.

Résorber le chômage et édifier la démocratie, pourtant deux des principales revendications de la révolution, sont recalés loin derrière avec successivement 50,5% et 40,2% des opinions exprimées.

III. Enseignement 3: Les chaines de télévision première source d'informations politiques !!

Le sondage d'opinion a révélé également que les chaines de télévision captent 32% des opinions des sondés et constituent la première source d'informations sur les partis politiques. Mais, si ce choix pourrait être attribué à l'abondance des chaines satellitaires et à la place qu'occupe ce média dans notre mode de vie, sa suprématie n'est que relative. En effet, les chaines de télévision sont talonnées par l'Internet qui recueille 28 % des "suffrages" exprimés. Et, nul ne peut contester, aujourd'hui, le rôle des réseaux sociaux, de la presse en ligne et des divers canaux disponibles sur la toile dans la diffusion de cette masse d'informations politiques dont la véracité reste à prouver. Mais, là est un autre problème.

Aussi, remarquons-nous, que la presse écrite traditionnelle n'est source d'informations politiques que pour 15% des interrogés. Egalement, faiblement cotés, les meetings organisés par les partis politiques qui ne recueillent que 3%.

IV. Enseignement 4: Le droit de vote arme citoyenne

Le sondage a dévoilé que 62% des tunisiens interrogés comptent participer à la vie politique du pays. Leurs implications s'expriment différemment. Mais, c'est le vote aux élections présidentielles et / ou législatives avec plus de 71% qui vient en tête des actions à entreprendre. Viennent, ensuite, le fait de s'exprimer dans les médias et l'Internet avec 34% et l'adhésion à un parti politique avec 28,2%.

Et l'utilisation du droit de vote réapparaît, encore, en premier lieu avec 61% en réponse à la question : " Parmi les actions suivantes, laquelle vous paraît la plus appropriée pour permettre des changements positifs en Tunisie ?". Il devance de très loin les Sit-in (10%), les manifestations (10%), l'engagement associatif (8%) et le militantisme dans un parti politique (5%).

Aussi, demandons-nous si le fait que ces dernières actions sont considérées comme négatives et ne menant pas à des changements positifs n'est pas causée par le mot "positifs" qui prête à confusion.

Mais, en tous les cas, le droit de vote retrouve, après le 14 Janvier, toute son efficacité. Ce n'est plus une théâtralisation d'une démocratie bafouée au quotidien mais une véritable arme citoyenne au service du changement. C'est ce qui ressort du sondage...

Quoiqu'on pense de ce sondage d'opinion, et des autres, l'émergence d'une démocratie d’opinion ne peut être que bénéfique. L'opinion publique doit être considérée comme un acteur politique majeur. A bon entendeur.